Philippe Bélaval : macédoine immatérielle nationale

Publié le 22 juin 2011

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Qui est Philippe Bélaval, grand inscripteur de la corrida au patrimoine français ? Un aficionado des plus sanglant, visant l’inscription de la corrida à l’UNESCO et utilisant sa ( haute ) fonction  au sein de l’Etat pour promouvoir la torture animale.
Oooh ! Il porte une rosette à la boutonnière ! Rouge sang ! Comme c’est charmant !

Jean-Paul Richier, nous en dit plus dans un article paru sur le site « Le Post ». Jean-Paul Richier est docteur en  psychiatrie. 

La Direction du ministère de la Culture en charge de l’inscription de la corrida au Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) français est la Direction Générale des Patrimoines (DGP). Son directeur, Philippe Bélaval, a été nommé un mois après le lancement de la campagne pour l’inscription de la corrida au PCI par deux associations taurines, l’Observatoire National des Cultures Taurines (ONCT) et l’Union des Villes Taurines Françaises (UVTF). Or, Philippe Bélaval est non seulement aficionado militant, mais est membre fondateur et a été administrateur de l’ONCT. Cherchez l’erreur.

En décembre 2009, le mundillo, le  petit monde de la corrida, lançait le coup d’envoi des « démarches destinées à inscrire la Culture Taurine au Patrimoine Immatériel de l’UNESCO ». Il était explicitement précisé « Est ainsi donné en France le coup d’envoi d’une campagne […] qui devrait aboutir à plus ou moins long terme à préserver la culture taurine de toutes les attaques dont elle est l’objet au nom de supposés « droits des animaux » »

En janvier 2010, l’administration du Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) était réorganisée en 4 grandes entités, dont la Direction Générale des Patrimoines (DGP).
La DGP comprend 7 départements transversaux, dont le Département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique (ex Mission du Patrimoine ethnologique). L’une des missions de ce Département est de coordonner la mise en œuvre de la convention Unesco pour la sauvegarde du PCI. En d’autres termes, il supervise et avalise la réalisation des fameuses fiches d’inventaire, qui officialisent l’inscription d’une pratique au patrimoine immatériel français, comme la tapisserie d’Aubusson, la dentelle au point d’Alençon… ou la corrida. La fiche de la corrida a été enlevée du site du MCC pour dit-on « ne pas alimenter la polémique » (!), mais est consultable par exemple ici.

Le directeur général des patrimoines, nommé donc en janvier 2010 par le Président de la République, était et est toujours Philippe Bélaval, dont on peut lire les étapes biographiques ici ou là.

Mais sur la question de la corrida, qu’on cherche à tout prix à nous présenter comme une simple formalité, Philippe Bélaval est tout sauf neutre. C’est un aficionado – un passionné de corrida – militant.

Le quotidien Les Échos écrivait le 3 février 2010, dans un article intitulé « Philippe Bélaval Premier directeur général des Patrimoines de France » : « Le Toulousain [se] rend [à Bilbao] dès que possible assister aux corridas, l’un de ses innombrables passe-temps qu’il assume au point d’accrocher des clichés de taureaux au ministère. »

Il est membre actif de l’association La Querencia, association taurine créée à Paris en 1986, qui publie un bulletin, Paris Afición. Philippe Bélaval a dans ce cadre rendu compte des temporadas (saisons de corridas) en 2001, en 2002, en 2004, en 2005, ou en 2010.  Dans la revue Paris Afición de mars 2006 (p7), un article intitulé « Faire face aux anti » commençait en rappelant : « Cette montée en puissance [des anti], Philippe Bélaval l’avait analysée au début de son bilan de la temporada 2004 (Paris Afición n°91) »

La Fédération des Sociétés Taurines de France avait organisé en octobre 2006, à l’occasion de son 90ème congrès, un colloque sur « La préservation de la corrida ». Le samedi 28 octobre, Philippe Bélaval y prononçait une intervention intitulée « La corrida est une culture ». Tiens tiens…

En janvier 2011, le Département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique (qui dépend donc de la DGP) co-organisait un colloque intitulé « Droit et patrimoine culturel immatériel ». Philippe Bélaval y intervenait en premier pour prononcer une introduction. L’un des thèmes était « PCI et conflits de valeurs », avec deux interventions consacrées à « PCI et éthique », dont l’une s’intitulait tout simplement : « Les cultures taurines », et était présentée par Frédéric Saumade, ethnologue mentionné sur la fameuse fiche d’inventaire.

Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin.
Philippe Bélaval, Directeur Général des Patrimoines au Ministère de la Culture et de la Communication, est membre fondateur et a fait partie du premier Conseil d’Administration (avril 2008 – juin 2010) de l’Observatoire National des Cultures Taurines, ONCT, l’association des lobbyistes taurins qui se targue d’avoir obtenu l’inscription de la corrida au PCI français ! D’ailleurs, la fiche d’inventaire de la corrida, avalisée par Philippe Bélaval pour l’inscription au PCI français, a été rédigée par François Zumbiehl, également fondateur et administrateur de l’ONCT. Dame, entre copains, faut s’entraider. On remarquera qu’une version ultérieure de la liste des membres fondateurs, sur le même site (la Fédération des Sociétés Taurines Françaises), a fait disparaître comme par enchantement  le nom de Philippe Bélaval…
Sur une question aussi polémique que la corrida, ceci s’appelle un conflit d’intérêt.

C’est une raison suffisante pour suspendre l’inscription de la corrida au PCI et réouvrir les débats.

Ah, oui : Philippe Bélaval est membre du Conseil d’État depuis 1979. Une casquette qu’il compte sans doute faire jouer, si le gouvernement persiste à faire la sourde oreille, lorsque les recours déposés contre l’inscription au PCI parviendront à la haute juridiction administrative.

Les citoyens peuvent faire part de leurs observations à la DGP sur cette adresse mail : <communication.dgpat@culture.gouv.fr>.

Jean-Paul Richier.

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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