entraînement à tuer

Les matadors doivent réglementairement tuer à l’arme blanche.

L’épée doit s’enfoncer dans l’épaule droite , passer sous l’omoplate et glisser entre deux côtes pour transpercer la cage thoracique. Il faut aussi que la lame se meuve dans un plan vertical et selon un angle de 45° par rapport à l’horizontale. Le coup est d’autant plus difficile à réussir que l’homme et la bête, lors de l’impact, sont tous deux en mouvement, se jetant l’un sur l’autre.

Pour enfoncer l’épée jusqu’à la garde, le matador doit s’exposer aux cornes. C’est pour lui le moment le plus dangereux. C’est la  » minute de vérité  » où le public retient son souffle. Si l’épée heurte un os, si elle ne s’enfonce pas assez, si elle pénètre de travers, ressortant entre les côtes, si le coup est donné trop bas ou trop haut, le matador est soupçonné de trembler, de manquer de courage.

Même après une  » bonne  » prestation, le matador qui  » tue mal  »  et doit s’y reprendre à plusieurs fois perd la faveur du public et risque de se faire huer. Un long entraînement est donc indispensable aux matadors pour acquérir la sûreté de gestes, les réflexes nécessaires.

Autrefois, ils s’entraînaient dans des abattoirs. Aujourd’hui, la réglementation des abattoirs n’offre plus cette opportunité aux toreros qui sont réduits à s’entraîner chez les éleveurs auxquels ils achètent des bêtes pour les massacrer clandestinement. Après une estocade mal dirigée, on arrache l’épée et on recommence. Une fois. Deux fois. Trois fois et même davantage. Ces essais multiples sont usuels, même en corrida publique. On imagine les interminables charcutages qui doivent se commettre lors d’entraînements privés sur d’innombrables animaux qui subissent mille morts.

Derrière chaque corrida publique, il faut imaginer un grand nombre de massacres privés où sont perpétrées des atrocités qu’on n’oserait pas offrir aux yeux du public.

un taureau blessé