Jusqu’à l’introduction du caparaçon en 1926, lourde protection matelassée qui enveloppe le corps du cheval pour le protéger des coups de corne, le nombre de chevaux éventrés et tués en corrida était considérable.
Aujourd’hui, les accidents sont rares mais les chevaux sont fréquemment soulevés, renversés par la charge du taureau, et ils ne sont pas à l’abri de blessures. La protection n’est pas infaillible.
Le cheval de picadors subit un long dressage pour le travail auquel il est destiné :
- il doit répondre instantanément, parfaitement et sans rechigner aux sollicitations du cavalier,
- il doit perdre toute réaction émotionnelle : tentatives de fuite, sursauts, ruades, écarts
- il doit apprendre à résister à la poussée violente et latérale du taureau et contraint de subir, à l’entrainement, des charges violentes ( il y est exercé grâce à un « bélier » : appareil spécial monté sur roues, conduit par 4 ou 5 personnes, qui mime l’impact du taureau.
« Un groupe d’hommes solides exerce une forte pression latérale (…) Cette pression est d’abord exécutée par appui sans choc, ensuite par l’intermédiaire d’un appareillage qui donne un violent coup sur le peto (= caparaçon) et continue par une pression forte et constante mais qui peut se rompre brutalement et reprendre aussitôt comme le ferait un toro qui arrêterait la charge et la reprend ». (Extrait, La Tauromachie : histoire et dictionnaire” R. Bérard. )
“Certaines cuadras possèdent un toro domestique à côté duquel les chevaux sont mis au pré afin de s’habituer à l’odeur et à la vue du bétail, qui effraient souvent les chevaux la première fois. Ce toro, peut également servir à l’entrainement proprement dit des chevaux, s’il s’y prête. Monsieur Bonijol habitue ainsi ses jeunes chevaux à appréhender le toro les yeux débandés pour qu’ils sachent à quoi ils sont confrontés. Le cheval doit aller au toro en toute connaissance de cause et se prendre en charge, comme un cheval de rejoneo. En revanche, il n’y a pas ici d’esquive, le cheval doit absorber le choc souvent brutal, ce qui suppose une grande maîtrise.” (Le cheval du picador dans la tauromachie d’hier et d’aujourd’hui – Thèse – Margaux Justice-Espenan)
Malgré cet entrainement, la nervosité des chevaux est très importante dans l’arène.
- Les yeux des chevaux sont bandés avec une cagoule ou un bandeau pour éviter qu’ils ne s’écartent brusquement en voyant le taureau foncer sur eux.
- Les oreilles des chevaux sont bouchées afin de les isoler des bruits qui les apeurent.
- Des sédatifs leur sont parfois administrés avant la corrida.