Les Brindis d’Or : Délinquance taurine cherche rutilance et respectabilité !

Publié le 4 décembre 2024

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Le 2 décembre 2024, le mundillo a inauguré les « Brindis d’Or » dans un théâtre parisien dont le directeur artistique est un aficionado. Inspirée des cérémonies comme les César ou les Molière, cette soirée en grande pompe a récompensé dix acteurs de la tauromachie sanglante avec des trophées ridicules en forme de montera (le chapeau des toreros). Un jury a désigné 30 nominés répartis en dix catégories telles que « Brindis matador », « Brindis novillero », « Brindis transmission », ou encore « Brindis jeunesse », « Brindis culture » ou « Brindis coup de cœur ».

Sponsorisée par des soutiens privés, la soirée, qui a rassemblé 600 spectateurs selon les médias taurins — principalement venus du sud —, comptait parmi ses invités des personnalités comme le sénateur Laurent Burgoa, une journaliste du JDD (Journal du Dimache) et la danseuse étoile Amandine Albisson. Sous couvert d’action caritative, les bénéfices de la soirée seront reversés aux écoles taurines (charité bien ordonnée commence par soi-même) et à l’association « Colosse aux pieds d’argile », présidée par l’aficionado Sébastien Boueilh, qui lutte contre les violences sexuelles sur les enfants en milieu sportif tout en cautionnant l’éducation à la violence envers les animaux. 

En résumé, derrière les apparences d’un gala prestigieux, cet événement n’est rien de moins qu’une tentative de glorification de pratiques archaïques et cruelles sous couvert de tradition culturelle. L’initiative reflète la volonté du monde taurin de promouvoir et de défendre la corrida au niveau national, tout en cherchant à élargir son audience au-delà des régions traditionnellement associées à la tauromachie.

Pourquoi à Paris ?

Le choix de Paris pour accueillir cette apologie de la cruauté interpelle. Les organisateurs avancent des arguments tels que « prestige » et « visibilité », mais il s’agit surtout d’une tentative désespérée de légitimer une tradition barbare et anachronique.  

Selon Julien Lescarret, ex torero et président de l’association organisatrice : « Une grande cérémonie de prestige, cela s’organise dans la capitale et pas ailleurs ».

D’autres n’ont pas manqué de culot pour oser avancer les mensonges suivants : 

— « Parce que c’est la capitale et que la tauromachie est une culture nationale, même si, de par la loi, elle ne s’exprime aujourd’hui que dans le Midi de la France » (Chroniqueur taurin (Corrida Si)

— « Nous participons à un volet important de la culture en France, ce qui méritait bien un trophée national »  (Arnaud Agnel, comédien, officiant en tant que maître de cérémonie) 

— « Paris et ses différentes arènes doivent nous rappeler que depuis la toute première corrida célébrée en 1853, la France est pays taurin du nord au sud » (Florent Moreau, membre du jury)

Quelle imposture ! Ils auraient dû prévoir une catégorie « Brindis Mensonges »…

Non seulement la corrida n’a jamais été reconnue par le ministère de la Culture, mais elle est interdite, en France, en vertu de l’article 521-1 du Code pénal, qui sanctionne les sévices sur animaux. Elle n’est tolérée que par exception dans quelques régions. Et voilà qu’une pratique interdite nationalement, mais tolérée localement, est soudain proclamée « culture nationale »… ne s’exprimant que localement ! Plus c’est gros, plus ça passe. Lorsqu’un mensonge est affirmé avec assurance et répété, il finit par paraître vrai : le milieu taurin manipule l’opinion.  Sa stratégie vise à normaliser et à rendre acceptable la corrida en l’associant à Paris, symbole de culture et de prestige.

Ce faisant, le milieu taurin contourne l’esprit de la loi de 1951, qui tolérait la corrida uniquement dans les zones de « tradition locale ininterrompue » afin de respecter et limiter cette spécificité locale, sans lui accorder de légitimité nationale. Promouvoir les corridas dans une zone où elles sont illégales et sanctionnées banalise la violence qu’elles incarnent et incite indirectement à un délit défini par l’article 521-1 du Code pénal.

Par ailleurs, la promotion de la corrida à Paris attire des spectateurs parisiens dans les arènes du sud, ce qui fausse l’évaluation de l’intérêt réel des populations locales. Cette fréquentation extérieure gonfle artificiellement les chiffres, donnant à tort l’impression d’une tradition vivace dans le sud. Or, les tribunaux s’appuient sur l’intérêt local de la population pour justifier la « tradition locale » et la dérogation autorisant les corridas.

Via une suggestion de Question Écrite, le COLBAC a interpellé les députés pour qu’ils questionnent le gouvernement sur la règlementation de la promotion de la corrida dans les zones où elle est illégale. L’organisation de corridas constituant un délit sanctionné à Paris, leur promotion devrait l’être également, par cohérence législative et éthique.

Nous remercions le CRAC Europe et l’association One Voice qui ont manifesté devant le théâtre pour dénoncer cette soirée de promotion parisienne et rappeler que la corrida est un délit de cruauté animale. Pas plus qu’elle ne tolère les corridas, Paris ne devrait servir de vitrine à une pratique fondée sur la souffrance et la barbarie.

Le CRAC Europe et One Voice ont manifesté devant le théâtre, 2 décembre 2024

À Paris, trois clubs taurins actifs participent à la promotion de la tauromachie : le Club taurin de Paris, créé en 1957 ; le Ruedo Newton, un club historique ; et Culturaficion, le plus récent. Ces clubs, bien que localisés dans une région où la corrida est interdite, organisent une variété d’activités destinées à promouvoir la pratique tauromachique. Ils proposent régulièrement des conférences et rencontres avec des toreros célèbres, ainsi que des entraînements pratiques (sans animaux) dans des lieux emblématiques tels que les arènes de Lutèce ou le bois de Vincennes, équipés de matériel dédié. Certains membres mettent ensuite en pratique ces techniques dans des élevages, face à des vaches, à l’occasion de visites organisées. Les clubs financent leurs activités grâce à des soirées événementielles, souvent en présence de toreros, de personnalités reconnues et de la presse. En 2023, ces clubs ont dévoilé une banderole intitulée « Paris ville d’aficion », qui circule lors de leurs événements.

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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