Le 16 septembre 2024, une publication Facebook des Arènes de Béziers, gérées par la société BETARRA, annonçait une collaboration commerciale avec l’Office de Tourisme Communautaire Béziers Méditerranée à l’occasion des Journées du Patrimoine. Le COLBAC a alors demandé au maire de Béziers une copie des documents administratifs relatif à cette collaboration commerciale.
La réponse accablante de l'Office de Tourisme
Dans une lettre datée du 15 octobre 2024 qu’il nous a adressé, Jean Muller, directeur de l’Office de Tourisme Béziers Méditerranée, a réfuté toute implication de l’Office dans les visites des arènes ou la publication Facebook de Betarra. Il précise :
– que la publication Facebook est une initiative unilatérale de BETARRA, visant uniquement à se promouvoir et gagner en visibilité ;
– que l’Office de Tourisme n’a pas été informé de cette publication et n’a joué aucun rôle dans les visites ;
– que l’affirmation d’une collaboration commerciale est « erronée » et n’engage en rien l’Office.
Ce démenti montre que BETARRA ment et trompe le public.
BETARRA ment et trompe le public en laissant croire que ses visites, à la gloire de la corrida, sont organisées ou cautionnées par une institution reconnue et supposée impartiale, comme l’Office de Tourisme. En revendiquant un partenariat inexistant, BETARRA exploite la notoriété de l’Office du Tourisme pour renforcer sa crédibilité et attirer davantage de visiteurs.
Une fois de plus, le milieu taurin cherche à se donner une légitimité qu’il ne possède pas. Depuis quand les organisateurs de corridas peuvent-ils s’ériger en guides touristiques ?
De plus, le fait que BETARRA encaisse directement les bénéfices de ces visites touristiques tout au long de l’année, tout en bénéficiant d’une promotion déguisée sous le couvert des Journées du Patrimoine, est inadmissible. Cela représente un manque à gagner pour les Biterrois.
Tourisme et tauromachie : une stratégie d’influence
En novembre 2023, un article du Midi Libre rapportait une formation organisée à Béziers pour les guides touristiques de la région Occitanie. Cette formation incluait une sensibilisation au « patrimoine des arènes et de la corrida ». Le programme comportait trois volets : une présentation « patrimoniale » des arènes, une intervention de Diego Alcalde, représentant de l’Union Taurine Biterroise, visant à expliquer et défendre la corrida, et une démonstration de tauromachie réalisée par des élèves de l’école taurine Biterroise. L’objectif affirmé était de permettre aux guides d’avoir une meilleure connaissance de la corrida… tout en évitant, soi-disant, de porter des jugements lorsqu’ils transmettent cette information (!).
Extrait de l’article Midi Libre : « Pour bien terminer leur séjour, les guides conférenciers visitaient les arènes de Béziers vendredi après-midi. Au programme : une première partie patrimoniale sur ce que sont les arènes, puis une intervention de Diego Alcalde de l’union taurine Biterroise afin de donner des clés de compréhension de la corrida. Enfin, une démonstration de la gestuelle tauromachique avec deux élèves de l’école taurine Biterroise. Une bonne manière de faire le point sur la corrida, classée au patrimoine culturel immatériel puis déclassée à la suite à de nombreuses plaintes, car « un guide doit être capable d’expliquer, de raconter, mais il ne doit pas juger. » (19/11/2023)
La formation des guides touristiques organisée à Béziers, incluant une initiation à la tauromachie, relève d’une hypocrisie flagrante !
Les organisateurs affirment qu’un guide « doit être capable d’expliquer, de raconter, mais il ne doit pas juger ». Pourtant, confier une telle formation à des acteurs directement issus du milieu taurin (Union Taurine Biterroise, école taurine) garantit qu’elle est tout sauf objective. Les parties prenantes ne se contentent pas « d’expliquer », elles légitiment et promeuvent la corrida. Le mundillo biterrois influence les guides pour qu’ils adoptent un discours partisan, favorable à la tauromachie, ce qui va à l’encontre de leur devoir de neutralité et d’objectivité.
L’implication de BETARRA dans les visites touristiques, voulue et autorisée par Robert Ménard, ainsi que les formations pour les guides touristiques, illustrent la stratégie du lobby pro-corrida : intégrer la corrida dans les récits sur le patrimoine culturel pour la faire passer pour une tradition légitime. Leur objectif est de la présenter comme une composante essentielle de la culture locale, afin de dissuader les critiques et de mieux la défendre face aux accusations de cruauté.
Rappel : la corrida n’a jamais été inscrite officiellement au patrimoine culturel immatériel (PCI) de la France. En 2011, elle avait été ajoutée en catimini et de manière opaque à l’inventaire, sans l’approbation officielle du ministère de la Culture. Cette démarche avait conduit à une vague de protestations et à des recours juridiques. En 2015, face à la pression publique et judiciaire, cette inscription avait été retirée. Le ministère de la Culture avait confirmé l’absence de reconnaissance officielle de la corrida comme PCI. Le tribunal, saisi de l’affaire, avait rendu un non-lieu à statuer le 1ᵉʳ juin 2015, déclarant explicitement : « La décision d’inscription de la corrida à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France doit être regardée comme ayant été abrogée. » Ainsi, la prétendue inscription de la corrida au PCI n’a jamais eu de valeur officielle et relève d’une manipulation du milieu taurin visant à légitimer la corrida.