La corrida, duel loyal

Publié le 28 septembre 2009

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 » La corrida est un duel loyal et équilibré entre la force brutale d’un taureau sauvage et l’intelligence d’un homme.  » dit-on souvent.

Cette affirmation est un tissu de mensonges. D’abord, le taureau n’est pas une bête sauvage mais un animal domestique.

Au pâturage, loin d’attaquer l’homme, il le fuit. Ensuite, la corrida oppose non pas un homme mais six (trois banderilleros, deux picadors, un matador agissant en équipe et longuement entraînés) à un seul animal très jeune (rarement plus de quatre ans et souvent moins), totalement inexpérimenté, qui n’a jamais combattu d’hommes.

Cette inégalité flagrante est aggravée par toute une série de fraudes rarement perçues par les spectateurs mais sans cesse dénoncées par les chroniqueurs taurins :

A/ L’AFEITADO

Cette fraude consiste à scier l’extrémité des cornes dont on refait éventuellement les pointes quand on veut cacher l’escroquerie.

Plus les cornes sont courtes, moins elles sont dangereuses. D’autre part, comme cette mutilation est commise peu de temps avant la corrida, l’animal n’a pas le temps de s’habituer à la nouvelle longueur de ses armes et ne peut y adapter son coup de tête.

Ensuite, l’afeitado met plus ou moins à nu l’intérieur de la corne qui est charnu et innervé, donc sensible. Au moindre coup de corne contre un arbre, un pieu ou une clôture, l’animal éprouve de la douleur et le jour de la corrida, il retiendra ses coups.

Enfin, pour afeiter un taureau, il faut l’immobiliser. Pendant l’opération (une demi-heure), la victime se débat de toutes ses forces, ce qui provoque déchirures musculaires et lésions diverses.

Afeiter un taureau, c’est le rendre plus ou moins invalide. L’afeitado est pourtant autorisé dans la plupart des courses de taureaux ibériques. Même quand il est interdit, il est très rarement sanctionné.

B/ LA DROGUE

Les taureaux jugés redoutables peuvent être abrutis par des drogues . Le livre « Entre campos y ruedos «  édité en 1991 par le Collège des Vétérinaires Espagnols contient tout un chapitre consacré aux drogues administrées aux taureaux de corrida.

L’éventail des produits employés est extrêmement large. Tous ont pour propriété de perturber le système neurovégétatif (perturbation de la jonction neuromusculaire, perturbation de la fonction digestive, bradycardie, …) Les substances ci-dessous sont employées :

– dépresseurs cérébraux, circulatoires, cardio-respiratoires, digestifs, métaboliques, énergétiques ;

– autres types de dépresseurs affectant le système nerveux périphérique et ganglionnaire.

Pour affecter le système nerveux central on emploie :

– barbituriques (entraînant une diminution de la force musculaire, des troubles locomoteurs, des troubles de l’équilibre, de la bradycardie),

– tranquillisants morphiniques (altération de l’état de conscience, dépression cardio-respiratoire)

– xylozine type rompun : anesthésique puissant provoquant un effet hypnotique, une diminution de la fréquence cardiaque et respiratoire, une diminution du tonus musculaire, …) etc.

En corrida, les taureaux montrent souvent des traces de diarrhée. Celle-ci est parfois provoquée délibérément pour affaiblir l’animal. Les conséquences d’une forte diarrhée sur l’organisme sont multiples :

– déséquilibre du système neurovégétatif ;

– déshydratation (alors que les corridas ont fréquemment lieu par grande chaleur) ;

– perte en minéraux, notamment sodium et potassium (faiblesse musculaire, désordres au niveau de la transmission de l’influx nerveux) ;

– accélération du rythme cardiaque ;

– dysfonctionnements des fonctions rénales et cérébrales

– éventuellement, spasmes digestifs avec sensations douloureuses.

C/ LA SURALIMENTATION

En Espagne et même en France, très rares sont les éleveurs de taureaux de combat qui disposent de pâturages suffisants pour nourrir leurs bovins à l’herbe.

L’alimentation au «  pienso compuesto  » (nourriture artificielle où on trouve de tout, y compris parfois de la farine de poissons) donne des taureaux énormes, dont la masse impressionne les spectateurs mais trop gras, trop lents, trop mous pour soutenir un combat.

D/ LES MALADIES

Les examens vétérinaires post mortem montrent que même dans la plus illustre arène française (Nîmes), la moitié des taureaux tués en corridas étaient atteints de maladies graves : tuberculose, néphrite, pneumonie, etc.…

E/ COUPS DE PIQUE MAL PLACES

Les picadors, bien à l’abri sur leurs lourds chevaux de trait caparaçonnés, infligent au taureau, à coups de pique, des blessures à la fois hémorragiques et paralysantes tout contre la colonne vertébrale.

En coupant des muscles et des nerfs locomoteurs ou en lésant des vertèbres, les picadors peuvent, à la demande du matador, leur chef d’équipe, rendre un taureau infirme dès les premières minutes du prétendu « combat » .

F/ COUPS DE BARRIÈRE

Si un taureau est jugé dangereux, on peut l’affaiblir dès sa sortie du toril. Un torero, placé contre la barrière en bois qui entoure l’arène, provoque, en agitant un « capote », la charge du taureau.

Au dernier moment, l’homme s’efface et l’animal emporté par son élan, percute la barrière de plein fouet. Il peut s’y assommer et même se briser une corne.

G/ LA SÉLECTION GÉNÉTIQUE

Le taureau de corrida actuel est le résultat de plusieurs siècles de sélection génétique. Les éleveurs sont parvenus à produire :

– Des taureaux  » nobles « , c’est-à-dire à charge franche et régulière, toujours identique à elle-même, sans imprévu et donc sans danger.

– Des taureaux  » suaves «  (c’est le terme officiel), c’est-à-dire qui courent lentement, mufle au ras du sol et n’achèvent jamais leur charge par ce coup de tête terminal que les toreros craignent tant.

– Des taureaux candides qui chargent naïvement des chiffons au lieu d’attaquer les hommes qui agitent ces chiffons. Les toreros peuvent aussi diriger à leur gré tous les mouvements de la bête. Au lieu de combattre l’homme, l’animal lui obéit.

Lors des  » tientas  » (épreuves de sélection), les génisses qui ne montrent pas les « qualités » ci-dessus sont vendues au boucher et ne deviennent jamais mères de taureaux de combat.

Les éleveurs ont été si loin dans la recherche du taureau commode et collaborateur que de nombreux spectateurs s’en indignent, jugeant qu’un taureau inoffensif produit une corrida sans émotion donc sans attrait.

Certains tauromaniaques prétendent agir pour rétablir  » l’éthique  » de la corrida. Une tauromachie sans fraudes, un duel loyal et vraiment équilibré, à supposer que ce soit possible, feraient une hécatombe de toreros. Pour divertir la foule carnassière des spectateurs, faire étriper des hommes ne serait pas plus moral que de massacrer des bêtes. Condamnée à balancer entre la fraude et l’homicide, la corrida est contraire à toute morale.

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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