La corrida garde pourtant toute son agressivité, mais les coups (les coûts) qu’elle reçoit sont rudes.
Feria sans corrida
Peut-on, dans une ville taurine, faire la fête sans taureaux et même organiser une espèce de feria sans corrida ? Oui, bien sûr et c’est ce que démontrent à Nîmes, involontairement, depuis 5 ans des commerçants de la rue Fresque. Déçus par la disparition de la feria nîmoise de Primavera qui avait lieu chaque année à la fin de l’hiver, quelques commerçants ont imaginé de créer dans leur rue, sous le nom de Primafresca, sinon une feria, du moins une ambiance festive à la mi-mars : musique, danse, illuminations, animations diverses. Au sortir de l’hiver, de sa grisaille et de sa morosité, on peut éprouver un besoin de fête. La Primafresca a donc du succès: Les fêtards sont si nombreux que les piétons à la nuit tombée n’arrivent plus à se déplacer rue Fresque et y font du surplace. Même à Nîmes on peut donc se rassembler, s’amuser, se divertir, faire la fête sans tauromachie. Nous nous en doutions. Merci pour la confirmation…
Moral en berne
Le mundillo ( mot espagnol qui désigne le petit monde de la tauromachie) n’a décidément pas le moral. Voici ce qu’écrit Joël Bartolotti directeur de la revue « Toros » dans le N° 1891 de cette revue: «La période n’est certes pas à l’optimisme. Même les taurinos commencent à le reconnaître et à jeter les canots à la mer. La crise économique…ne fait qu’ajouter aux difficultés extérieures qui affectent actuellement et même infectent le monde de la corrida…Partout des foyers anti-taurins s’activent. Au Pays basque espagnol où Ezquer Batua (parti minoritaire) milite pour l’abolition…Idem dans les Asturies…Je pense même que nous sommes à la pire époque …de l’histoire du combat en faveur de la fiesta. »
Dans le même numéro de la même revue l’éditorialiste Manolillo en vient à imaginer l’interdiction des corridas dans toute l’Espagne : « La France…aurait-elle une chance de subsister si la tauromachie péninsulaire venait à s’effondrer ? Aucune. » La France a beau posséder plus de soixante arènes, quelques dizaines d’éleveurs de taureaux de combat, des toreros dont certains sont réputés (Sébastien Castella, Jean-Baptiste Jalabert) et de nombreux organisateurs de spectacles (Alain Lartigue, Stéphane Fernandez Meca, Simon Casas, Robert Margé, etc) l’éditorialiste de « Toros » n’en conclut pas moins ainsi : « Si la tauromachie péninsulaire s’effondrait, la tauromachie française s’effondrerait avec elle, par simple effet collatéral .Autant le savoir. ». Un moral en berne, on vous dit.
Corridas en Arabie ?
Reculant en France et en Espagne la corrida se cherche en compensation de nouveaux territoires. Elle a tenté ces dernières années de s’implanter en région parisienne, en Russie, en Chine, à Las Vegas (USA). Ces essais ont tous été des échecs. Début 2010 Simon Casas voulait exporter la corrida en Arabie et organiser une feria à Abu Dhabi (Émirats arabes unis). D’illustres toreros (El Juli, Castella) se disaient partants. Mais le projet est au point mort.