Nuits de Béziers : à qui profite la fête ?

Publié le 13 juillet 2022

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Les Arènes de Béziers sont depuis jeudi dernier le cadre d’animations diverses organisées, nous apprend l’affiche les annonçant, par les Sociétés Stratèges et Betarra, en accord avec la Ville. 
Il est des noms qui, pour des raisons diverses, attirent l’attention : pour des opposants à la corrida biterrois tel que le COLBAC,  Betarra est de ceux-là, aussi nous sommes-nous naturellement penchés sur ce montage.

Les acteurs

1 – La Ville de Béziers, représentée par le conseil municipal et son maire, Robert Ménard.
La Ville est locataire des arènes qui sont la propriété de la Société des Arènes de Béziers ; cette dernière les lui a louées en 2020 par bail civil pour organiser « des spectacles, manifestations sportives, tauromachiques ou autres manifestations. »
2 – La Société Stratèges, société spécialisée dans la production de spectacles, a priori sans liens avec la tauromachie.
3 – La Société Betarra, à propos de laquelle quelques précisions méritent d’être apportées pour une meilleure compréhension de ce qui va suivre. 

Qui est Betarra ?

La société Betarra a été créée fin 2020 pour prendre la relève de la société Plateau de Valras de Robert Margé, dont le contrat avec la Ville venait à expiration.

Aux commandes :

à la présidence : l’ex-torero devenu éleveur de taureaux et organisateur de corridas Bernard Domb alias Simon Casas. Personnage ô combien sulfureux, directeur de ce côté-ci des Pyrénées des arènes de Béziers et de celles de Nîmes, et de l’autre côté, de celles d’Alicante, de Madrid et de Valence.

à la direction générale : Olivier Margé, fils de Robert Margé, dont la gestion des arènes pendant 32 ans jusqu’en 2020 n’aura pas toujours été un long fleuve tranquille, à tel point qu’elle se terminera sur une commode mise en liquidation judiciaire propice à l’effacement de tout éventuel passif. Certes, il serait malvenu d’attribuer d’emblée au fils les faiblesses du père, aussi nous garderons-nous de le faire : tout juste remarquerons-nous que son choix de s’associer avec un personnage tel que M. Domb n’est pas de nature à générer une confiance spontanée et sans réserve.

à l’origine, un troisième nom était censé trouver une place à la direction : il s’agit de Sébastien Castella, ex-torero alors fraîchement retiré des arènes, des épées et des poignards, mais depuis « dé-retiré » et retourné à la torture de taureaux.

Comment la société Betarra et la Ville de Béziers sont-elles liées?

Le 20 novembre 2020, une convention signée entre la Ville et les Betarra (société alors à peine créée) entérine le choix du maire pour succéder à Robert Margé, et fait d’eux les sous-locataires des arènes. Elle stipule que Betarra a pour obligation d’y organiser des spectacles tauromachiques et qu’elle peut aussi, si tel est son souhait et si la Ville donne son accord, y organiser des spectacles non tauromachiques.

Autrement dit, c’est à la Ville qu’il revient normalement d’organiser dans les arènes tout événement non tauromachique, mais elle se déclare prête à abandonner ce privilège au duo Casas-Margé, en lui permettant d’étendre son champ d’action vers des activités extra-tauromachiques à la rentabilité assurée, contrairement à celle des corridas.

C’est la première fois que Betarra organise des spectacles non tauromachiques pour, soi-disant, « remettre les arènes au centre de la ville » selon les propos d’Olivier Margé, rapportés dans le Midi Libre. En réalité, c’est l’aveu que les corridas sont déficitaires et ne rapportent plus assez d’argent. 

Les caisses de la Ville sont-elles remplies à ce point, pour que le maire fasse passer l’intérêt d’une entreprise privée avant celui des Biterrois ? C’est ce que pourrait laisser croire le montage des Nuits de Béziers, avec les Betarra dans le rôle d’organisateurs de spectacles familiaux. 

Arrangements entre amis ?

Dans le cadre d’une louable politique d’animations culturelles, la Ville décide de proposer une série de cinq spectacles, « Les Nuits de Béziers » dans les arènes dont elle est locataire.

Séance du conseil municipal du 30 juillet, p.58, Objet 30 : Culture - Mise à disposition des Arènes 

À l’arrivée, les cinq spectacles ne sont finalement pas organisés par la Ville mais par Betarra via la société Stratèges et la Ville n’est plus décisionnaire, mais se contente de donner son accord à Betarra. Par le biais d’une convention, la Ville met les arènes à la disposition de Stratèges à titre gracieux. Précision qui vaut son pesant d’or : ni Betarra, ni Stratèges ne demandent à la Commune la moindre participation financière. Il n’aurait plus manqué que cela…

Et qui empoche les bénéfices générés par les Nuits de Béziers ? Ce n’est pas la Ville, mais Betarra ; R. Ménard a d’ailleurs reconnu lors du conseil municipal du 04 juillet sa volonté de l’aider « systématiquement » car pour lui, aider Casas-Margé, c’est aider la corrida et cette excuse se suffit à elle-même.
Pourtant, quand bien même la corrida serait un divertissement de haute tenue et non une activité consistant à torturer des animaux pour un plaisir douteux, cela justifierait-il que le maire privilégie deux entrepreneurs privés aux dépens des finances municipales ? Si comme il le prétend, R. Ménard n’est pas amateur de corridas, alors la logique voudrait qu’il se contente de laisser faire ceux qui le sont : comment expliquer cet empressement à leur venir en aide ?

Remarque subsidiaire

On serait par ailleurs curieux de savoir ce que stipule l’accord passé entre Betarra et Stratèges car le bail de sous-location octroyé par la Ville aux Casas-Margé fait obligation à ces derniers de verser :
– à la Ville, outre un loyer annuel de 120 000 €, une part variable de 2 % du chiffre d’affaires qu’elle aura réalisé dans les lieux,
– à la prétendue « Ecole » Taurine Béziers Méditerranée (ETBM) la somme de 1 € par billet vendu, et
– à l’Union des Villes Taurines de France (UVTF) la somme de 0,5 € par billet vendu.

Les Casas-Margé auront-ils essayé ou trouvé le moyen de contourner ces obligations par un  montage plus ou moins habile ? 

Conclusion

Avec la complicité et le soutien indéfectible de Robert Ménard, Betarra a trouvé le moyen de renflouer sa trésorerie et d’assurer la survie des corridas à Béziers. Dans la presse et sur les réseaux sociaux, nous avons largement dénoncé cette mainmise du mundillo sur les programmations culturelles hors tauromachie de la ville, ainsi que les bénéfices des « Nuits de Béziers » qui vont inévitablement servir la tauromachie. Cela n’a pas plu à Betarra. Une responsable, très en colère, nous a menacés de porter plainte pour « diffamation » ! Nous n’avons, évidemment, rien retiré de nos communications et avons même été amusés  : ainsi, pour Betarra, le fait de dire que les concerts qu’elle produit vont financer la corrida, porterait atteinte à son honneur !? Un comble et un bel aveu pour une entreprise organisatrice de corridas sanglantes…

Message privé reçu de Betarra, suite à l'une de nos publications Facebook.

Dans la presse

23/05/22 Le Petit Journal Les Nuits de Béziers : un scandale pour le Colbac → lire l’édition papier en PDF 

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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