Jeudi 2 octobre 2025, la Cour administrative d’appel de Toulouse a confirmé l’interdiction des corridas à Pérols. Une victoire historique, fruit d’une longue bataille juridique menée par le CRAC Europe et l’Alliance Anticorrida.
Le maire de Pérols, Jean-Pierre Rico, a annoncé qu’il ne se pourvoirait pas en cassation, mettant ainsi un terme définitif à la procédure.
En rejetant les recours déposés par la municipalité, les magistrats posent un premier jalon jurisprudentiel lourd de conséquences pour la tauromachie en France.
Tradition "locale" : fin du flou juridique
La loi française (article 521-1 du Code pénal) punit les sévices et actes de cruauté commis sur les animaux, mais admet une exception pour les corridas « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».
Jusqu’ici, la jurisprudence interprétait largement la notion de « locale » et parlait même « d’ensemble démographique ». Cette lecture permettait d’étendre abusivement l’exception pénale à des départements entiers, y compris dans des communes sans pratique continue.
La Cour administrative d’appel de Toulouse avait ainsi jugé, dans un arrêt du 3 avril 2000, qu’« il ne saurait être contesté que dans le Midi de la France, du Pays d’Arles au Pays basque, de la Provence au Languedoc, de la Gascogne aux Landes, existe une forte tradition taurine ».
Un quart de siècle plus tard, la même Cour administrative d’appel de Toulouse corrige cette dérive : l’exception ne peut désormais être invoquée qu’à l’échelle d’une commune précise, et seulement si la pratique y a été continue et ininterrompue.
À Pérols, où les corridas avaient disparu depuis vingt ans, le retour imposé en 2021 par le maire aficionado Jean-Pierre Rico avec une novillada était donc illégal. Plus aucune corrida ne pourra dorénavant y être organisée.
La corrida perd du terrain
Une commune voisine d’une ville taurine ne peut plus introduire de corridas sous prétexte de proximité géographique. La corrida ne peut pas davantage renaître là où elle a disparu. Elle n’est donc plus tolérée dans “une douzaine de départements”, mais circonscrite à une cinquantaine de communes seulement. Un revers considérable pour les taurins !
Cette grande avancée ne doit toutefois pas servir de prétexte à l’inaction politique : même réduites à quelques îlots de barbarie, la corrida reste un problème national, car c’est la loi française qui permet ces spectacles cruels.
Bravo au CRAC Europe et à l’Alliance Anticorrida, à leurs avocats respectifs qui ont mené la bataille, ainsi qu’aux militants et aux habitants de Pérols mobilisés ! La municipalité est condamnée à verser 1 500 € à chacune des associations.
Retour en photos d’une mobilisation sur le terrain qui a duré plus de trois ans. (Facebook CRAC Europe)