NON aux concerts qui enrichissent la corrida

Publié le 18 mai 2023

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Depuis juillet 2022, les arènes de Béziers accueillent les « Nuits de Béziers », des concerts et spectacles organisés par les sociétés STRATÈGE et BETARRA.

Ces concerts ne vont pas remplacer les corridas : ils vont les renforcer et enrichir le milieu taurin.  Explications. 

Qui est BETARRA ?

La SAS BETARRA est la société privée qui produit et organise les corridas à Béziers.

Elle est dirigée par le trio : 
Simon Casas, plus grand producteur de corridas au monde et directeur de la programmation des corridas dans les arènes de Béziers, Nîmes, Valence et Madrid ; 
Olivier Margé, éleveur de taureaux de corrida ; 
Sébastien Castella, célèbre matador, né à Béziers. 

BETARRA a été créée fin 2020 pour prendre la relève de la société PLATEAU DE VALRAS  (Robert Margé), dont le contrat avec la ville de Béziers venait à expiration.

Si l’activité principale de BETARRA est la production de corridas, elle produit accessoirement des spectacles non tauromachiques dans les arènes de Béziers, comme les concerts des « Nuits de Béziers ». Pour organiser de tels événements dans les arènes, BETARRA doit obtenir l’accord express de la municipalité.

Capture
Extrait de la convention qui lie la ville et la société BETARRA

Mise à jour janvier 2024 :

À la suite d’une délibération votée par le Conseil municipal le 18 décembre 2023, une nouvelle « Convention de Partenariat et d’engagements réciproques pour l’occupation et la gestion des arènes de Béziers » a été établie. Cette convention confère à BETARRA l’exclusivité de la gestion des arènes pour une durée de 15 ans, avec les quasi pleins pouvoirs pour organiser des corridas et d’autres événements non tauromachiques tels que des manifestations culturelles, artistiques, sportives, etc. La commune conserve uniquement un « droit de regard et de veto » sur les spectacles programmés et la possibilité d’organiser des évènements sans frais de location. L’accord express de la municipalité reste requis comme préalable à l’organisation des spectacles.Voir notre article

Quel est le problème ?

Ces concerts et spectacles non tauromachiques n’ont pas vocation à remplacer les corridas, bien au contraire : ils vont générer de nouveaux bénéfices qui viendront accroître la trésorerie de BETARRA, et donc potentiellement compenser le déficit des corridas biterroises. C’est un moyen habile d’empêcher le naufrage de la corrida à Béziers, malgré la désaffection croissante du public.

Nous rappelons que le trio Casas, Margé et Castella n’a pas la jouissance exclusive des arènes. Toute municipalité soucieuse de l’intérêt général organiserait elle-même les concerts dans les arènes, afin que les bénéfices profitent à la ville. Mais, à Béziers, les intérêts privés du mundillo (le petit monde de la tauromachie) priment sur l’intérêt général de la ville. Ce nouveau filon financier, bien plus rentable que les corridas, est détourné de la poche des Biterrois à qui devraient revenir les bénéfices des spectacles non tauromachiques ayant lieu dans les arènes.  Or, ces bénéfices iront aux professionnels de la corrida et non aux Biterrois : une façon d’aider discrètement la corrida dont la survie serait impossible sans le soutien de la municipalité. 

Ainsi, tout acheteur d’un billet pour les Nuits de Béziers va, sans le savoir et souvent même à l’encontre de son éthique, soutenir la corrida en enrichissant ses acteurs. 

BETARRA ne cache pas son objectif de diversifier ses activités afin d’attirer davantage de personnes dans les arènes et de générer des bénéfices supplémentaires.

Car, pour eux comme pour les autres organisateurs de corridas, la diminution du nombre de spectateurs (81% des Français rejettent la corrida à cause de son extrême barbarie – Sondage IFOP/Alliance Anticorrida 2021) met leur activité en péril financier. 

Dans la presse, on a pu lire :

— « Aujourd’hui, les gens ne se rendent aux arènes de Béziers que pour la feria d’août. Il faut trouver d’autres activités au site, pour parvenir à dégager des bénéfices. C’est la feuille de route que se fixe Olivier Margé, nouveau directeur des arènes de Béziers(Hérault Tribune, 8 janvier 2021) 

— « Leur mission est de donner un nouveau souffle aux arènes, d’attirer de nouveaux spectateurs. La fréquentation est en berne depuis de nombreuses années avec un public vieillissant. Les arènes ont une capacité de 13.000 places. Elles étaient à moitié pleines ces dernières années à chaque corrida. La tauromachie, c’est difficile aujourd’hui, explique Robert Ménard, le maire et président de l’agglomération de Béziers. Faire des spectacles taurins, c’est infiniment plus risqué financièrement. » (France Bleu Hérault, 14 décembre 2020) 

Et les artistes ?

Florent Pagny, Kev Adams et Orelsan sont les artistes qui se sont produits en juillet 2023, lors de la deuxième édition des « Nuits de Béziers ». 

Le COLBAC les a contactés.  

Nous rappelons que Florent Pagny et Kev Adams sont favorables à l’abolition des corridas ; ils ont signé le manifeste de la FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition de la Corrida) respectivement en octobre 2021 et janvier 2022. 

Malgré nos multiples sollicitations, Florent Pagny, Kev Adams et Orelsan ne nous ont jamais répondu. 

Annonce sur le site de BETARRA

Nous demandons :

1 – Nous demandons aux artistes de ne pas chanter dans les arènes de Béziers. S’ils se sont engagés, nous leur demandons d’exprimer publiquement et sans équivoque, lors du concert, leur opposition aux corridas. 

Tant que les corridas sont autorisées dans les arènes de Béziers, les artistes doivent faire le choix éthique de renoncer à s’y produire ; ils doivent privilégier d’autres scènes, afin de ne pas enrichir les producteurs de corridas ni cautionner ces lieux de tortures animales. 

2 – Nous demandons à la municipalité de prendre en charge la programmation culturelle à Béziers. Les bénéfices des concerts doivent aller aux Biterrois et non aux corridas. 

 

une affiche

Rappel au sujet de la gestion des arènes de Béziers.

Les arènes n’appartiennent pas à la ville de Béziers. Elles sont la propriété privée d’une poignée d’actionnaires groupés en société anonyme, la SA Des Arènes. Les propriétaires, au lieu d’exploiter eux-mêmes leur bâtiment, préfèrent le louer. 

  • Jusqu’en 2023, la Commune de Béziers était locataire des arènes. Depuis plusieurs années, elle a cessé d’organiser elle-même des corridas. Elle a confié cette tâche à un professionnel des spectacles taurins, Robert Margé jusqu’à la fin de 2020, puis à la société BETARRA à partir de 2021, à qui elle sous-louait les arènes. C’était donc une convention de sous-location qui liait la Commune à BETARRA (et non un contrat de Délégation de Service Public, comme à Nîmes par exemple).

  • Alors que la convention de sous-location entre la Commune et BETARRA, ainsi que le bail civil de location entre la SA des Arènes et la Commune, étaient initialement prévus jusqu’à fin 2026, ils ont été résiliés prématurément en janvier 2024.  Une nouvelle « Convention de Partenariat et d’engagements réciproques pour l’occupation et la gestion des arènes de Béziers » a été votée lors du Conseil municipal du 18 décembre 2023. Cette nouvelle entente confère à la société taurine BETARRA l’exclusivité de la gestion des arènes pour une durée de 15 ans. Dorénavant locataire des arènes et non plus sous-locataire, BETARRA bénéficie ainsi de pouvoirs étendus pour organiser des corridas et d’autres événements non tauromachiques tels que des manifestations culturelles, artistiques, sportives, etc. La Commune conserve seulement un « droit de regard et de veto » sur les spectacles programmés et la possibilité d’organiser des évènements sans frais de location (Voir notre article).

    Il est important de noter que BETARRA détient également l’exclusivité de l’exploitation de la buvette et des bénéfices qui en découlent.

Ainsi, le soutien continu de Robert Ménard aux dirigeants de BETARRA garantit la pérennité des corridas à Béziers en leur permettant de générer de nouveaux revenus susceptibles de compenser le déficit des corridas. »