Du 17 au 20 juillet 2023, les arènes de Béziers accueilleront la deuxième édition des « Nuits de Béziers », deux concerts et un spectacle organisés par les sociétés STRATÈGE et BETARRA.
Ces concerts ne vont pas remplacer les corridas : ils vont les renforcer et enrichir le milieu taurin. Explications.
Qui est BETARRA ?
La SAS BETARRA est la société privée qui produit et organise les corridas à Béziers.
Elle est dirigée par le trio :
– Simon Casas, plus grand producteur de corridas au monde et directeur de la programmation des corridas dans les arènes de Béziers, Nîmes, Valence et Madrid ;
– Olivier Margé, éleveur de taureaux de corrida ;
– Sébastien Castella, célèbre matador, né à Béziers.
BETARRA a été créée fin 2020 pour prendre la relève de la société PLATEAU DE VALRAS (Robert Margé), dont le contrat avec la ville de Béziers venait à expiration.
Si l’activité principale de BETARRA est la production de corridas, elle produit accessoirement, depuis l’an dernier, des spectacles non tauromachiques dans les arènes de Béziers, comme les concerts des « Nuits de Béziers ». Pour organiser de tels événements dans les arènes, BETARRA doit obtenir l’accord express de la municipalité.

Quel est le problème ?
Ces concerts et spectacles non tauromachiques n’ont pas vocation à remplacer les corridas, bien au contraire : ils vont générer de nouveaux bénéfices qui viendront accroître la trésorerie de BETARRA, et donc potentiellement compenser le déficit des corridas biterroises. C’est un moyen habile d’empêcher le naufrage de la corrida à Béziers, malgré la désaffection croissante du public.
Nous rappelons que le trio Casas, Margé et Castella n’a pas la jouissance exclusive des arènes. Toute municipalité soucieuse de l’intérêt général organiserait elle-même les concerts dans les arènes, afin que les bénéfices profitent à la ville. Mais, à Béziers, les intérêts privés du mundillo (le petit monde de la tauromachie) priment sur l’intérêt général de la ville. Ce nouveau filon financier, bien plus rentable que les corridas, est détourné de la poche des Biterrois à qui devraient revenir les bénéfices des spectacles non tauromachiques ayant lieu dans les arènes. Or, ces bénéfices iront aux professionnels de la corrida et non aux Biterrois : une façon d’aider discrètement la corrida dont la survie serait impossible sans le soutien de la municipalité.
Ainsi, tout acheteur d’un billet pour les Nuits de Béziers va, sans le savoir et souvent même à l’encontre de son éthique, soutenir la corrida en enrichissant ses acteurs.

BETARRA ne cache pas son objectif de diversifier ses activités afin d’attirer davantage de personnes dans les arènes et de générer des bénéfices supplémentaires.
Car, pour eux comme pour les autres organisateurs de corridas, la diminution du nombre de spectateurs (81% des Français rejettent la corrida à cause de son extrême barbarie – Sondage IFOP/Alliance Anticorrida 2021) met leur activité en péril financier.
Dans la presse, on a pu lire :
— « Aujourd’hui, les gens ne se rendent aux arènes de Béziers que pour la feria d’août. Il faut trouver d’autres activités au site, pour parvenir à dégager des bénéfices. C’est la feuille de route que se fixe Olivier Margé, nouveau directeur des arènes de Béziers.» (Hérault Tribune, 8 janvier 2021)
— « Leur mission est de donner un nouveau souffle aux arènes, d’attirer de nouveaux spectateurs. La fréquentation est en berne depuis de nombreuses années avec un public vieillissant. Les arènes ont une capacité de 13.000 places. Elles étaient à moitié pleines ces dernières années à chaque corrida. La tauromachie, c’est difficile aujourd’hui, explique Robert Ménard, le maire et président de l’agglomération de Béziers. Faire des spectacles taurins, c’est infiniment plus risqué financièrement. » (France Bleu Hérault, 14 décembre 2020)
Qui sont les artistes ?
Florent Pagny, Kev Adams et Orelsan sont les artistes qui se produiront lors de cette deuxième édition des « Nuits de Béziers ».
Le COLBAC les a contactés.
Nous rappelons que Florent Pagny et Kev Adams sont favorables à l’abolition des corridas ; ils ont signé le manifeste de la FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition de la Corrida) respectivement en octobre 2021 et janvier 2022.

Nous demandons :
1 – Nous demandons à Orelsan, Kev Adams et Florent Pagny d’annuler leur représentation dans les arènes ; à défaut de possibilité d’annulation, nous leur demandons d’exprimer publiquement et sans équivoque, lors du concert, leur opposition aux corridas.
Tant que les producteurs de corridas produiront des concerts aux arènes de Béziers, les artistes doivent faire le choix éthique de renoncer à s’y produire ; ils doivent privilégier d’autres scènes, afin de ne pas enrichir les producteurs de corridas ni cautionner ces lieux qui accueillent des spectacles de souffrance animale.
2 – Nous demandons à la municipalité de prendre en mains l’organisation dans les arènes de tout spectacle non tauromachique.
Le milieu taurin ne doit pas avoir la mainmise sur les programmations culturelles dans les arènes de Béziers. Les bénéfices des concerts doivent aller aux Biterrois, pas aux corridas.

Rappel au sujet de la gestion des arènes de Béziers.
Les arènes de Béziers n’appartiennent pas à la municipalité. Elles sont la propriété privée d’une poignée d’actionnaires groupés en société anonyme (SA Des Arènes). Ces actionnaires, au lieu d’exploiter eux-mêmes leur bâtiment, préfèrent le louer à la mairie.
Depuis de nombreuses années, la mairie a cessé d’organiser elle-même des corridas. Elle confie cette tâche à un professionnel des spectacles taurins – Robert Margé jusqu’à fin 2020 ; le trio Simon Casas, Olivier Margé et Sébastien Castella à partir de 2021 – à qui elle sous-loue les arènes.
C’est donc une convention de sous-location qui lie la Ville à BETARRA, et non un contrat de Délégation de Service Public, comme à Nîmes par exemple.
Cette convention stipule que :
- BETARRA doit organiser des spectacles tauromachiques (espagnol, portugais, camarguais, landais ou mixte)
- BETARRA pourra organiser des spectacles non tauromachiques « de manière accessoire » et « sous réserve qu’elle ait obtenu l’accord express de la commune ».
- BETARRA doit reverser une partie de ses bénéfices à l’école taurine de Béziers et à l’Union des Villes Taurines de France (UVTF).
À noter que BETARRA détient l’exclusivité de l’exploitation de la buvette et des bénéfices qu’elle génère.
Ainsi, le soutien indéfectible de Robert Ménard aux dirigeants de BETARRA assure la survie de la corrida à Béziers en permettant à ces derniers de renflouer les caisses de leur activité taurine.
Pour sa première année d’activité (2021), le chiffre d’affaires de BETARRA s’est élevé à 1 050 000 €, mais la société a réalisé une perte de 91 000 euros.