Référé-liberté rejeté : à Béziers, la police ne peut pas assurer la protection des anti corrida !

Publié le 29 octobre 2020

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un homme de dos et la foule

À Béziers, toute manifestation anti corrida devant les arènes en marge des évènements tauromachiques est interdite. Le Colbac dénonce des mesures arbitraires et disproportionnées qui visent à réduire l’impact des actions anti corrida en les repoussant loin des arènes. Le Tribunal administratif de Montpellier vient de rejeter notre requête en référé liberté, plaidée par Me Hélène Thouy. 

Le 24 octobre, le Colbac n’a pas été autorisé à manifester devant les arènes à l’occasion d’un spectacle des Journées Taurines. La préfecture de l’Hérault a interdit la tenue d’une manifestation silencieuse et limitée à vingt militants, en application d’un arrêté pris le 6 octobre 2020. Le Colbac avait immédiatement dénoncé une entrave à la liberté d’expression et à la liberté de manifestation et avait déposé une requête en référé liberté auprès du tribunal administratif de Montpellier. À l’issue d’une audience qui s’est tenue ce vendredi  23 octobre, le juge a rejeté le référé liberté.

des membres du colbac manifestent devant la mairie béziers
Manifestation statique et silencieuse devant la mairie, 6.10.20

Manifestations interdites devant les arènes

Depuis que Robert Ménard est maire de Béziers, c’est-à-dire depuis 2014, toutes les manifestations anti corrida dans un périmètre de 500 mètres autour des arènes sont interdites, même celles qui sont silencieuses et qui consistent à tenir, immobiles, des pancartes en faveur de l’abolition de la corrida.

« Par courriel du 5 octobre 2020, la ville de Béziers a sollicité la prise d’un arrêté règlementant les manifestations sur la voie publique aux abords des arènes de Béziers à l’occasion des 38ièmes journées taurines biterroise » écrit le préfet de l’Hérault, dans son mémoire en défense, soutenu à l’audience.

Des actions pour dénoncer la cruauté de la corrida

Le Colbac a pour objectif de dénoncer la corrida et les violences qui en résultent pour les animaux qui en sont victimes. Elle organise à cet effet de nombreuses manifestations pacifiques et déclarées ayant pour objectif à la fois de dénoncer ces pratiques violentes et cruelles et d’informer le public à cet égard. S’éloigner de l’endroit de passage du public, c’est rendre inutile et inefficace toute manifestation, l’objectif étant précisément de toucher le public.

Périmètre de 500 mètres autour des arènes : des mesures disproportionnées 

Dans l’ordonnance rendue par le juge des référés suite au recours contre l’arrêté interdisant la manifestation, aucune réponse n’est apportée sur l’impossibilité pour la préfecture de prendre des mesures autre que l’interdiction, alors qu’elle est en mesure d’assurer la protection de plusieurs centaines de spectateurs qui assistent aux corridas.

À Béziers, les anti corrida font-ils si peur qu’on les éloigne à un demi kilomètre des arènes ? Le maire Robert Ménard n’est-il pas capable, dans sa ville, de contenir une poignée d’anti corrida, lui qui sous-entendait lors d’une récente manifestation du Colbac devant l’Hôtel de ville, qu’ils étaient si peu nombreux que c’était insignifiant ?

Victimes des réactions violentes des aficionados parce que nous montrons les photos des taureaux ensanglantés

Dans son argumentation le préfet reconnaît que le trouble à l’ordre public serait généré non par les manifestants, mais par les aficionados : « La présence de militants du Colbac à l’entrée des arènes avec des visuels pourrait être perçue comme une provocation et générer des troubles  public ainsi que des confrontations pouvant dériver vers des atteintes physiques.« 

Cela renvoie d’ailleurs à une déclaration du maire de la ville il y a 6 ans, dans une émission radio : « Je protège les anticorrida parce qu’ils vont se prendre une branlée, comme on dit chez moi, par les types qui vont sortir des arènes (…) qui vont leur casser la gueule ». 

Le préfet argumente : « Un face-à-face tendu a déjà eu lieu le 6 aout 2019 entre les membres de l’association requérante et des militants en faveur de la corrida devant l’hôtel de ville de Béziers ». 

 Le Colbac rappelle que cette confrontation avait été organisée par l’association Esprit du Sud 34, qui défend ardemment la tauromachie, et qui avait appelé l’aficion à « résister » pour préserver les traditions tauromachiques. Le Colbac avait dénoncé cette contre-manifestation bruyante, non déclarée mais tolérée par la municipalité et la préfecture, et avait fait son possible auprès des services de police pour qu’elle n’ait pas lieu. Encadré par les forces de l’ordre, le face-à-face n’avait par ailleurs généré aucun incident. C’est la preuve que la ville sait autoriser et contenir les confrontations pro/anti corrida lorsqu’elles sont à l’initiative du milieu taurin. Pourquoi interdire nos rassemblements devant les arènes ? Ce deux poids deux mesures est injuste !

Les anti corrida trop conciliants ?

C’est, en creux, ce qui nous est reproché par le préfet qui écrit : « Les multiples arrêtés portant réglementation des manifestations sur la voie publiques aux abords des arènes (…) n’ont jusqu’à ce jour fait l’objet d’aucun contentieux. Dans le cas où ces arrêtés porteraient une atteinte grave aux libertés d’expression et de manifestation de l’association Colbac, des recours auraient été déjà déposés ». 

Ainsi dans son ordonnance, le juge a considéré que les précédentes manifestations du Colbac étaient hors périmètres et n’ont donné lieu à aucun recours pour estimer que sa liberté de manifester était respectée.

Ainsi, il nous est reproché d’avoir été trop conciliants et d’avoir accepté jusqu’à présent des conditions de manifestations peu équitables. C’est un comble ! 

Déterminés à exercer leur  liberté de manifester devant les arènes

« Il est important de continuer à déposer des recours car à force on finira par amorcer des changements de jurisprudence » a commenté Me Hélène Thouy à la sortie du tribunal.

Nous avons de bonnes relations avec les services de police et la municipalité. Ils savent bien que les militants du Colbac ne sont  pas des fauteurs de troubles. En réalité, le maire Robert Ménard protège la tauromachie à Béziers et fait taire l’opposition à la corrida à l’endroit même où elle a le plus d’impact : devant les arènes. 

Pour informer le public, nous utiliserons toutes les voies juridiques possibles : nous voulons occuper ce terrain comme tous les autres pour que la question animale avance à Béziers et que cesse une pratique qui génère de grandes souffrances pour les animaux. 

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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@BeziersColbac

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