2016 est un tournant historique dans le déclin de la corrida en France et en particulier à Béziers.
Robert Margé, organisateur des corridas biterroises, et la mairie de Béziers, reconnaissent unanimement un recul sans précédent de la fréquentation.
Voici notre analyse chiffrée… Que recoupe celle du quotidien Midi Libre (19/08/16) : Bilan des corridas de Béziers « Une année catastrophique » selon Robert Margé
Quelques jours avant la feria biterroise, Bayonne, la plus ancienne ville taurine de France, organisait sa célèbre fête annuelle. Elle a été caractérisée par un double recul : 20% de fêtards en moins dans la ville et 30% de spectateurs en moins aux corridas (statistiques officielles). A Béziers la mairie, dans sa conférence de presse du 16 août, a reconnu que la feria 2016 a subi une chute de fréquentation de 25%. Cet effondrement s’ajoute au recul de 15% enregistré en 2015.
Tous les indicateurs sont en baisse. La messe inaugurale qui en 2014 avait presque rempli les arènes n’a rassemblé en 2016 que quatre mille personnes. L’arène de Béziers offre presque 13.000 places. Les deux tiers des gradins étaient donc vides. Le corso, animation de rue très spectaculaire, très populaire, n’a attiré que trois mille personnes.
Plus intéressant pour nous : le public des corridas biterroises en 2016 a diminué de 25 à 30% par rapport à 2015. Pourquoi ? Selon Robert Margé ce serait par « peur d’un attentat terroriste » . Vraiment ? Beaucoup d’ aficionados, ces gens si courageux qui prétendent avoir le culte de la bravoure auraient eu peur d’assister à une corrida ? Pourtant chaque spectateur était fouillé et palpé à l’entrée de l’arène. Par quel miracle des terroristes auraient-ils pu commettre un nouveau crime ?
En réalité si la psychose terroriste était la seule raison de l’insuccès des corridas, les autres spectacles de la feria auraient dû subir la même chute de fréquentation. Or le village équestre a fait le plein chaque soir comme les années précédentes. Les amateurs de chevaux savent que pour trouver une place dans les tribunes il faut arriver longtemps à l’avance. De mes propres yeux j’ai constaté samedi 13 août que, une heure avant le début du spectacle, des milliers de spectateurs étaient déjà installés et les tribunes étaient pleines à craquer quand le premier cheval est entré en piste. Si les corridas ont eu si peu de succès, ce n’est donc pas seulement par peur d’un attentat terroriste…
D’après le Midi libre, observateur attentif et bien renseigné, la corrida d’ouverture de la feria, vendredi 12 août, a rassemblé deux mille spectateurs de moins qu’en 2015 et les autres corridas de la feria n’ont pas eu plus de cinq mille spectateurs en moyenne. Sur les gradins l’humeur était maussade et le public a été déçu par les taureaux reconnaît le Midi libre.
Le public de la « fiesta brava » vieillit. Pour essayer d’attirer les jeunes, Nîmes et Arles leur ont réservé une partie des gradins avec des tarifs très accessibles. Béziers a suivi cet exemple en 2016 sans succès : lors de la corrida d’ouverture, il n’y avait qu’une dizaine de jeunes dans la loge qui leur était réservée et à la novillada du lendemain cette loge était vide…