La corrida de toros

Publié le 12 septembre 2009

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Un homme face à un taureau

Une tragédie en trois actes

Une corrida de toros ( dite aussi corrida formelle ) c’est le supplice de six taureaux torturés à mort , l’un après l’autre , par trois équipes de toreros. Chaque équipe ( appelée cuadrilla ) affronte successivement deux taureaux.

Composition de la Cuadrilla

Une cuadrilla se compose de six hommes. Chaque taureau affronte donc six hommes à la fois :

– Le matador de toros ( tueur de taureaux ) appelé aussi espada ou diestro ou maestro. C’est le chef d’équipe et la seule vedette du groupe. Ses coéquipiers sont d’obscurs subalternes dont les spectateurs ignorent les noms.

– Deux picadors appelés aussi piqueros, juchés sur de gros chevaux et armés d’une longue pique.

– Trois peones qui manient alternativement la cape et les banderilles.

Six hommes armés, longuement entraînés et agissant de concert contre une bête seule, novice et ignorante de tout, c’est ce que certains appellent un combat à armes égales.
Le supplice d’un taureau se déroule en trois tercios, c’est-à-dire en trois étapes.

6 hommes
Cuadrilla de Stéphane Meca - Photo : Eric Catarina Source : Midi Libre Nîmes 2019.08.06

Premier acte : le tercio de pique

anti-corrida-tierce-pique
un homme à cheval et un taureau

Quand la bête sort du toril, si elle n’a pas été préalablement affaiblie par des manœuvres frauduleuses (extrémités des cornes coupées, drogue, maladies, etc. ) les hommes n’osent guère se frotter à elle.
Ils se contentent d’agiter leurs capes pour provoquer le taureau de loin et se réfugient, dès qu’il charge, derrière la barrière en bois protectrice qui entoure l’arène.

Pour rendre l’animal toréable, il faut commencer par l’affaiblir.
C’est le rôle des deux picadors qui entrent alors en piste. Leurs montures sont de lourds chevaux de trait cuirassés par un caparaçon à l’épreuve des cornes. Un picador provoque le taureau et, pendant que celui-ci s’efforce de soulever et de renverser le pesant groupe équestre, le cavalier, avec sa longue pique, inflige au taureau une large et profonde blessure dans la région du garrot ( entre les épaules).

Si la bête est invalide (ce qui devient fréquent de nos jours), après le premier coup de pique, les picadors reçoivent l’ordre de se retirer. Si au contraire, le fauve est jugé redoutable, il peut recevoir plusieurs coups de pique. La base de son cou est alors en charpie. C’est à coups de tête qu’un taureau se bat.
Le blesser à la base du cou, c’est le désarmer. La pique atteint souvent aussi les vertèbres dorsales , provoquant une paralysie partielle.

Après ce châtiment( c’est le terme officiel) l’animal épuisé par la lutte, les blessures et le sang perdu risque de s’éteindre c’est-à-dire de ne plus se battre, ce qui mettrait fin au spectacle, à la grande déception du public, qui en veut pour son argent. C’est pourquoi les picadors cèdent alors la place aux peones armés de banderilles.

Deuxième acte : le tercio de banderilles

2 harpons

Les banderilles sont des harpons à manche de bois. L’homme, tenant un harpon à chaque main, provoque, du geste et de la voix, la charge du taureau puis, esquivant la bête, il cloue les deux banderilles sur le garrot déjà blessé par les piques. L’opération se répète. Chaque taureau reçoit ainsi trois paires de banderilles.

Pourquoi des harpons ? Pour que l’arme, une fois enfoncée dans la chair, ne puisse pas s’en détacher. A chaque mouvement de l’animal, les banderilles se balancent, remuant chaque fer dans chaque plaie. D’où une vive douleur, sans cesse renouvelée. Mesure-t-on bien le degré de sadisme qu’il faut pour inventer, fabriquer et employer de tels instruments de torture ?

Rendu furieux par cette souffrance continuelle, le taureau, bien qu’affaibli par ses blessures, se jette sur ses tortionnaires, multiplie les charges, brûlant au combat toutes ses réserves d’énergie.

Quand on ne le juge pas assez combatif, on lui applique des banderilles noires, plus longues et donc plus douloureuses.

Autrefois, aux taureaux mansos( trop pacifiques) on n’hésitait pas à infliger des banderilles de feu dont les brûlures étaient destinées à rendre l’animal fou furieux. Cette époque, heureusement révolue, n’est pas si lointaine et suggère de très sombres réflexions sur le tréfonds du cœur humain
En stimulant ainsi la bête pour mieux l’épuiser , on la prépare pour le dernier acte: la mise à mort.

un homme qui plante banderilles
un homme et un taureau

Troisième acte : le tercio de mort (dit aussi de muleta )

Les peones cèdent la place à leur chef d’équipe : le matador (mot qui signifie tueur). Il est armé d’une épée et d’une muleta (morceau d’étoffe rouge) avec laquelle il attire et dirige les charges du taureau.
A mesure que la bête s’épuise, ses charges se font de plus en plus courtes. Quand l’homme juge que sa victime est à bout de forces et qu’elle est bien placée, il lui fait baisser la tête en lui présentant la muleta au ras du sol et lui plonge son épée dans le garrot, ce garrot déjà martyrisé par les piques et les banderilles.

un taureau et un homme

 

L’homme n’étant pas beaucoup plus grand que la bête, il ne peut planter son arme verticalement, mais selon un angle de 45 degrés environ par rapport à l’horizontale. La lame ne peut donc jamais atteindre le cœur. Au mieux, elle tranche de gros vaisseaux sanguins prés du cœur, ce qui, par hémorragie interne, provoque la mort en quelques minutes.

L’adroit tueur est alors applaudi par la foule. Mais souvent, l’arme ne pénètre qu’à demi ou, mal dirigée, sort par le flanc. Souvent aussi elle transperce un poumon. La victime semble alors vomir son sang et meurt asphyxiée. Quand le premier coup d’épée ne tue pas assez vite, un peon se glisse derrière le taureau et, d’un geste vif, retire l’épée.

Il la rend au matador qui recommence la mise à mort. Il n’est pas rare que des taureaux reçoivent ainsi plusieurs coups d’épée. C’est fréquemment le cas dans les novilladas, corridas où s’affrontent de très jeunes taureaux et des matadors débutants plus ou moins maladroits.

3 hommes et un taureau

Dans tous les cas , un coup de grâce est donné à la nuque pour toucher le bulbe rachidien , avec une épée spéciale (descabello) ou un poignard (puntilla).

Plusieurs dizaines de coups sont parfois nécessaires pour achever le moribond. Il ne reste plus qu’à faire venir un attelage de chevaux ou de mules (arrastre) pour traîner le cadavre hors de la vue du public. Les valets de pistes (areneros) avec des râteaux, effacent les traces de sang sur le sable et on peut ouvrir la porte du toril à la victime suivante.

Depuis l’entrée en piste de chaque taureau et la sortie de son cadavre, il s’écoule environ vingt à trente minutes. Une corrida dure deux heures au moins.
Il paraît que cette succession de supplices constitue le plus beau spectacle du monde…

un homme qui tue un taureau
Corrida à Béziers, août 2019
taureau mort trainé

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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