Manifestation du COLBAC contre le « patrimoinicide » taurin

Publié le 18 janvier 2012

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plaque de marbre

Depuis quelques années, la mairie transforme Béziers en une place de corrida allant jusqu’à écraser la culture et tout le patrimoine historique de la ville. Ainsi, la mairie débaptise des lieux publics pour encenser mieux quelques tauromaches : NIMENO II, jules Faigt etc… L’Histoire des biterrois, à leur insu comme d’habitude, est maintenant l’otage de la tauromachie.

Adieu les bienfaiteurs de la ville, place aux exécuteurs de bovins.
A l’appel du COLBAC, samedi 14 janvier  2012 une cérémonie s’est donc tenue devant les arènes  pour dénoncer le système tauromachique dont est victime le patrimoine de Béziers et rendre hommage à Fernand Castelbon de Beauxhostes, génial musicien biterrois condamné à l’oubli par la municipalité… La mairie toute puissante, avaient ordonné la présence de 3 véhicules de police mais les policiers se sont contentés de dialoguer et n’ont en rien gêné la manifestation.
Lors de cette cérémonie la musique était présente,  notamment la chanson de Cabrel contre la corrida et un extrait de « La vestale », un opéra qui fut créé en 1906 pour les arènes de Béziers à l’initiative de Castelbon.
Les manifestants ont ensuite dévoilé deux plaques commémoratives pendant que la sono diffusait le célèbre choeur des esclaves hébreux extrait de « Nabuco » un opéra de Verdi.

DISCOURS  PRONONCE  LE  14/01/12 DEVANT  LES  ARENES  DE  BEZIERS
PAR LE PRESIDENT DU COLBAC

A la nouvelle place actuellement aménagée entre la piscine et les arènes la mairie veut donner le nom de jules Faigt, obscur politicien local. Pourquoi tant d’honneur à cet homme dont ni l’œuvre ni la personne n’ont marqué la mémoire des Biterrois? Parce qu’il a été toute sa vie un partisan inconditionnel de la corrida et  qu’il a organisé la première feria de Béziers.

A travers ce politicien c’est la feria et la corrida que la mairie veut honorer, encenser, exalter. Après avoir baptisé la place attenante aux arènes du nom d’un matador (Nimeno II), elle  veut donner à la nouvelle place attenante à la piscine un nom lié lui aussi à la tauromachie. Elle persiste ainsi à ne tenir aucun compte de l’opinion des Biterrois qui, dans leur immense majorité, sont indifférents ou carrément hostiles à la tauromachie et très critiques à l’égard de la feria.


Si on avait consulté les citoyens de Béziers ils n’auraient certainement pas choisi le nom de jules Faigt pour ce nouvel espace. Béziers a produit 3 grands hommes qui font l’unanimité : Paul Riquet géant de l’entreprise, de l’économie et des transports ; Jean Moulin, géant de la Résistance et du dévouement patriotique ; Fernand Castelbon de Beauxhostes, géant de l’art, de la culture et de l’éducation populaire. A Paul Riquet ont été dédiées les célèbres allées qui sont le cœur battant de Béziers. A Jean Moulin ont été dédiés une grande avenue et le plus grand lycée de Béziers. Castelbon, lui, n’a pas reçu l’hommage qu’il mérite. Nous sommes aujourd’hui rassemblés pour réparer cette ingratitude.
Parce que rien n‘a été fait pour honorer et perpétuer la mémoire de Castelbon, sa personnalité, sa vie et son œuvre sont mal connues du grand public et peut-être même de vous qui m’écoutez..

Fernand Castelbon a vécu à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. C’est l’époque de la grande prospérité pour les vignerons. Béziers était alors la capitale non seulement viticole mais aussi industrielle de tout le Languedoc. Pour évoquer une dépense pharaonique on disait alors « Il faudrait tout l’argent de Béziers ».
Très riche propriétaire terrien, Fernand Castelbon aurait pu comme tant d’autres jouir égoïstement de sa fortune, se faire bâtir des châteaux, y mener une vie oisive et fastueuse, collectionner les femmes, entretenir des courtisanes. Il préféra consacrer son temps, sa fortune et son énergie à stimuler la création culturelle.
Les spectacles conçus, financés et organisés par Castelbon furent remarquables d’abord par leur caractère grandiose. Ainsi pour la représentation de Prométhée furent mobilisés 60 danseuses, 4 orchestres totalisant 450 musiciens, 250 choristes et pour certains autres spectacles le nombre des figurants était plus grand encore. Les plus grands compositeurs, les plus grands acteurs, les plus grands chanteurs du 20ème siècle naissant sont venus à l’invitation de Castelbon participer à ces spectacles.
Ce qui caractérise ensuite l’œuvre de Castelbon c’est qu’il ne s’est pas contenté de donner à Béziers des spectacles déjà montés ailleurs. Ce qui se faisait à Béziers sous son impulsion  c’était des créations originales.
Dans ce travail de création Castelbon. est allé très loin.  Bien que de famille noble et riche, il était républicain, démocrate et très soucieux d’élever le niveau culturel des couches populaires. C’est pourquoi il a inventé pour Béziers des spectacles d’un genre nouveau, conçus pour le grand public, qui n’étaient ni de l’opéra proprement dit ni du théâtre ordinaire.
C’était du théâtre musical, de la tragédie lyrique. C es œuvres comportaient de la musique et du chant choral mais les acteurs ne chantaient pas : ils parlaient, ce qui rendait leurs dialogues plus accessibles au grand public.
A cette époque n’existaient ni hauts parleurs ni sonorisation. Castelbon avait remarqué que les arènes de Béziers, par leur qualité acoustique, permettaient aux acteurs et chanteurs de se faire entendre par 10.000 voire 15.000 spectateurs.
Malgré cette multitude de spectateurs, les spectacles de Castelbon furent presque tous déficitaires. Ce déficit, qui fut de 10.000 francs or pour le premier spectacle en 1898 s’éleva jusqu’à 32.000 francs en 1904 pour « Armide ». Ce fut toujours Castelbon qui paya ce déficit de sa poche sans aucune subvention municipale. Le seul spectacle qui rapporta de l’argent ce fut Prométhée. Au lieu d’empocher ce bénéfice pour compenser les pertes des autres années, Castelbon. donna aux pauvres les 14.000 f gagnés cette année-là. Beau geste. Ce n’est pas Robert Margé, organisateur actuel des corridas biterroises, qui montrerait cette générosité et ce désintéressement.

Le véritable inventeur de la feria ce ne fut d’ailleurs pas Jules  Faigt mais Castelbon. En effet en 1904 autour d’Armide la tragédie lyrique donnée aux arènes Castelbon organisa une fête qui dura 10 jours.  Avec en divers points de la ville des animations et des concerts qui étaient  gratuits pour le public parce que entièrement financés de sa poche par Castelbon . Ces animations et ces concerts que la gratuité rendait accessibles aux plus pauvres leur ouvraient des horizons culturels nouveaux. Bien entendu la ville regorgeait de touristes élégants et fortunés attirés par les grandes premières biterroises. Des trains spéciaux amenaient de Paris les amateurs d’art lyrique. Pendant une vingtaine d’années Béziers et
ses arènes furent la capitale française du théâtre lyrique. Ce qui valut à Béziers une réputation, un rayonnement, une gloire que la corrida est bien incapable de lui donner aujourd’hui.
Tels furent l’homme et l’œuvre auxquels nous rendons hommage en ce jour. Honte à la mairie incapable de rendre à ce grand fils de Béziers les honneurs qui lui sont dus. Honte à une mairie qui ne s’incline que devant des tortionnaires et des tueurs…

une plaque
La plaque dévoilée par le COLBAC
personnes tenat des banderoles
Manifestants du COLBAC devant les arènes

à propos

Le COLBAC a pour but final l’abolition de la corrida. Nous nous opposons à la propagande et à la désinformation du milieu taurin, ainsi qu’à la justification de la torture animale comme relevant d’un art ou d’une tradition encore acceptable.

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