Le conseil municipal du 4 juillet 2022 a accordé à la société privée Betarra, sous-locataire des arènes de Béziers et organisatrice des corridas biterroises, une diminution de 30 000 euros de son loyer pour 2021 (il passe ainsi de 120 000 € à 90 000 €). Cette nouvelle aide vise à compenser la perte d’exploitation qui serait liée à la crise sanitaire. Elle s’ajoute à l’exonération partielle du loyer déjà accordée en décembre 2021, estimée à 20 000 euros.
Lors de la séance, Robert Ménard a répondu au conseiller municipal Thierry Antoine, qui s’est opposé à la délibération, qu’il assumait le fait de « continuer à assurer la survie de la corrida à Béziers« .
» Oui, notre choix est de défendre la corrida, et oui, vous avez raison, en aidant systématiquement BETARRA, on aide la corrida parce qu’on est dans un moment difficile pour la corrida. Propos de Robert Ménard lors du Conseil municipal.
Ainsi, à Béziers, l’argent public finance les corridas. Cette subvention publique à une société privée est inacceptable à plusieurs titres :
1 / L’argent public ne devrait pas financer la violence envers un animal.
2 / Cette aide n’est nullement justifiée par un motif d’intérêt général local : le récent sondage Ifop – Sud Radio révèle qu’un Biterrois sur deux n’a jamais assisté à une corrida et que seulement 8 % des Biterrois ont assisté à une corrida au cours des trois dernières années (précisons que Béziers a maintenu toutes les corridas malgré la pandémie). Cela montre l’indifférence et le peu d’intérêt des Biterrois pour les corridas.
3 / Les difficultés financières de Betarra ne sont pas dues à la crise sanitaire, mais à la crise générale de la tauromachie liée à la désaffection croissante du public qui rejette les pratiques cruelles envers les animaux. Une preuve : pour survivre économiquement, BETARRA doit dorénavant organiser des « toros-piscine » et des concerts de musique comme « Les nuits de Béziers ».
4 / En juillet 2021, à propos des corridas de la feria, BETARRA expliquait dans la presse « avoir pris un risque à cause du Covid » ; Robert Ménard admettait « les empresas prennent un risque financier » : pour quelle raison le contribuable devrait-il aujourd’hui payer les conséquences financières de ce pari risqué et perdu ?
Conclusion : l’argent du contribuable biterrois est utilisé pour financer la cruauté et les sévices graves sur animaux, parce que le maire Robert Ménard l’a décidé pour soutenir ses amis taurins en difficulté financière. Voilà comment survit la corrida à Béziers.
Thierry Antoine (EELV) est le seul conseiller municipal à avoir voté contre la délibération : « Je considère qu’on n’est pas là pour financer le développement de la société BETARRA (…) Je pense que les arènes devraient être le vaisseau amiral de la culture et du tourisme culturel à Béziers. C’est bien pour ça d’ailleurs qu’il ne faut plus y faire de corridas espagnoles, avec cette mort cruelle du taureau qui sera un boulet au développement du lieu « .
Thierry Antoine a également fait remarquer qu’il avait réclamé le dossier de demande de cette subvention le 28 juin ; il a reçu une copie de la lettre de BETARRA (justifiant la demande de révision à la baisse de son loyer) datée…du 30 juin ! Drôle de coïncidence. En réalité, la ville s’apprêtait à accorder une réduction de loyer à BETARRA sans que cette dernière en ait fait la demande de manière formelle : c’est une preuve supplémentaire des relations de copinage qui lient Robert Ménard et le milieu taurin biterrois.
Mise à jour : jugement du 14 décembre 2023
L’audience s’est déroulée le 30 novembre 2023 et le tribunal, a rejeté notre requête, estimant que « le caractère suffisant des contreparties était établi » avec, dès l’été 2022, la mise en place de « toro-piscine et de spectacles non tauromachiques ayant des retombées économiques pour la Commune ».
Dans la presse : 17/12/23 Midi Libre Une défaite juridique pour les anticorrida face à la mairie de Béziers